À seulement 29 ans, Imane Djamil s’impose déjà comme l’une des figures montantes de la photographie marocaine contemporaine. Née à Casablanca en 1996, elle découvre très tôt la puissance des images : à 12 ans, son premier appareil devient pour elle un outil de narration. Très vite, ses clichés s’affichent sur un blog, annonçant l’émergence d’un regard singulier.
Une entrée remarquée sur la scène internationale
En 2014, alors qu’elle n’a que 18 ans, Imane Djamil est repérée par Jean-Hubert Martin et Moulim El Aroussi. Elle devient la plus jeune photographe marocaine exposée à l’Institut du Monde Arabe à Paris, dans une rétrospective consacrée aux artistes du Maroc contemporain. Cette reconnaissance précoce signe le début d’un parcours prometteur, entre expositions, commandes et installations urbaines.
Entre fiction et mémoire
Le travail d’Imane Djamil échappe aux catégories classiques. Elle compose des récits visuels qui oscillent entre documentaire et fiction. Son approche est marquée par une sensibilité littéraire : chaque photographie semble extraite d’un roman visuel, où le réel dialogue avec l’imaginaire.
Parmi ses œuvres les plus marquantes figure sa série sur Tarfaya, ville côtière du sud marocain, longtemps façonnée par la présence coloniale britannique et espagnole. Dans cette cité ensablée, figée entre ruine et oubli, Djamil capte la fragilité du temps. La Casa del Mar, ancienne forteresse espagnole envahie par l’océan, devient sous son objectif une métaphore de l’Atlantide moderne.

Récompenses et engagements
En 2021, elle reçoit le Prix Nouvelles écritures de la photographie environnementale, décerné par le Festival Photo La Gacilly et la revue Fisheye. Cette distinction récompense sa capacité à explorer les enjeux environnementaux à travers une écriture visuelle sensible et poétique.
La même année, elle participe à la 18ᵉ édition du Festival de La Gacilly, où elle expose sa vision de Tarfaya, confirmant son rôle d’artiste engagée dans une réflexion sur les liens entre territoires, mémoire et écologie.
Une voix générationnelle
Au-delà de la photographie, Imane Djamil incarne une nouvelle génération d’artistes marocains qui repensent la narration visuelle. Son travail est une invitation à regarder autrement, à s’interroger sur ce que l’on voit, mais aussi sur ce que l’on choisit d’oublier.
Elle ne photographie pas seulement des lieux : elle raconte des histoires de villes qui s’effacent, de mémoires qui résistent, d’espaces qui oscillent entre présence et disparition.
En Bref,
Avec son approche à la croisée des genres, Imane Djamil renouvelle le regard sur le Maroc et ouvre des perspectives inédites sur la photographie environnementale et contemporaine. À travers ses récits visuels, elle nous rappelle que chaque image peut être un fragment de mémoire, un espace de résistance et une porte vers l’imaginaire.
